
Florence Bergeaud-Blakler est docteur en anthropologie au CNRS, membre du Comité stratégique du Centre de Réflexion sur la Sécurité Intérieure et présidente du CERIF. Elle est l’auteur de l’ouvrage « Le Frérisme et ses réseaux » (Odile Jacob, 2023). Elle a répondu aux questions du B’nai B’rith France.
Le monde de l'enseignement combat-il comme il le faudrait la montée du frérisme et de son corolaire l’antisémitisme ? En a-t-il les moyens ?
Il est important en effet de souligner que l’antisémitisme d’aujourd’hui est largement dû à la montée de l’islamisme. Or c’est précisément ce que ne semble pas avoir compris le monde de l’enseignement. Il n’a pris aucune mesure pour endiguer la montée de cet islam politique et missionnaire qu’est le frérisme qui veut convertir les sociétés à sa vision du monde et qui cible en particulier les jeunes. Pour le frérisme, les juifs sont le premier obstacle qui entrave son projet de conquête. Ils sont à la fois le modèle à imiter et le concurrent victimaire à faire disparaitre. Reconnaitre l’existence de cette idéologie qui se déploie par des pratiques d’entrisme et d’infiltration dans tous les secteurs est fondamental si l’on veut répondre à la guerre qu’elle nous mène.
Quels sont les leviers que les Frères musulmans utilisent pour rendre la société « charria compatible » comme vous le dites ?
Rendre une société charia-compatible est une technique de subversion qui consiste à utiliser la force de l’adversaire contre lui-même sans qu’il ne s’en rende compte. Changer les lois au nom de la diversité pour obtenir plus de voile ou plus de halal est typiquement une pratique subversive, car la finalité c’est d’utiliser un droit généreux pour imposer une pratique intolérante comme l’obligation du voile ou de halal. Interdire la viande non halal dans les plats de cantine au prétexte que cela ne gênerait personne car les chrétiens n’ont pas d’interdits religieux revient à imposer une pratique compatible avec la charia sans même le dire. Demander des aménagements d’horaires de piscine non mixte au motif de la grossophobie vise également à instaurer la non-mixité charia compatible. Les exemples sont nombreux : ne pas nommer ce qu’on veut, utiliser d’autres motifs pour l’obtenir. Abuser de la loi pour abolir l’esprit de cette loi.
Que pouvons-nous envisager aujourd'hui pour contrer cet entrisme des frères musulmans ?
Le comprendre, l’analyser, l’enseigner. Il faut apprendre à tous les décideurs politiques, aux fonctionnaires, aux entreprises, et aux citoyens comment il pense, comment il agit, ce qu’il veut. Le frérisme mène contre nous une guerre de civilisation, il faut l’arrêter car il ne s’arrêtera pas tout seul.
C’est ce que nous proposons avec le CERIF le Centre de Recherche et d’Information sur le Frérisme. C’est une structure privée qui se propose de pallier l’absence de recherche et d’information sur ce sujet de première importance. Il propose des interventions d’experts, des podcasts, des vidéos.
C’est une structure indépendante, nous avons besoin du soutien de tous. www.cerif.eu